Saint Philippe Berruyer (1232-1260)
Philippus ou Philippe Berruyer était le petit neveu de saint Guillaume et occupait le siège d'Orléans quand il fut nommé archevêque de Bourges par
Grégoire IX, à la place de Simon de Sully. Il se fit remarquer par son austérité de vie et son extrême libéralité envers les pauvres. Il mourut en janvier 1261 au château de Turly, propriété des
archevêques de Bourges. Son corps fut ramené à Bourges et inhumé au milieu du chœur de la cathédrale. Sur sa tombe un autel fut élevé qui servait aux messes fériales. Il a été canonisé en 1267
par le pape Clément IV mais les historiens ne sont pas d'accord sur la réalité de cette canonisation.
Source : Mgr Jean Villepelet -
Les Saints Berrichons - Deuxième édition - Pages 50 et 51.
Quelques notes sur l'inscription funéraire disparue
L’inscription funéraire pour Philippe Berruyer est composée de trois distiques élégiaques ; une rime en -is réunit les deux premiers vers et les deux derniers. Ce texte est très formulaire, mettant en avant les qualités personnelles de l’archevêque, comme son esprit de pauvreté, son affection pour les malheureux ou ses mortifications[1]. L’expression mole sub hac est employée durant tout le Moyen Âge ; elle relève des formules liminaires, en attaque de vers et de poème[2]. Clarus in orbe se trouve à de nombreuses reprises sous la plume d’Alcuin[3]. La seconde partie du vers 3 est une variante de la formule pauper sibi dives egenis, déjà présente dans les inscriptions chrétiennes de la Gaule, et attestée en 1083 à Caen et en 1151 ou après à Potigny[4].
Philippe Berruyer fut archevêque de Bourges de 1236 jusqu’à sa mort en 1260 ou 1261. Auparavant évêque d’Orléans, il fut transféré au siège archiépiscopal de Bourges directement par le pape Grégoire IX pour mettre fin à un temps de vacance de trois ans et demi, qui menaçait de durer. L’expression métrique ossa beata rappelle le culte populaire dont le défunt fut l’objet dès sa mort, bien qu’il ne fut jamais porté au nombre des saints. Elle est rarement employée dans la documentation épigraphique, seules deux autres occurrences ont été relevées : l’une dans l’épitaphe versifiée du duc d’Aquitaine, Guillaume le Pieux rédigée au XIIe siècle[5], l’autre désignant réellement des reliques, dans l’inscription également versifiée qui se trouvait sur la châsse de saint Siffrein à la cathédrale de Carpentras en 1285[6].
[1] Voir la notice que lui consacre A. Gandilhon, dans le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. VIII, 1935, c.
892-897.
[2] Pour ne citer qu’un exemple, voir l’inscription funéraire de saint Mamert, à
Saint-Pierre de Vienne, et le commentaire (CIFM, 15, n°129, p. 131-132, pl. XLIX, fig. 103).
[3] Schumann O., Lateinisches Hexameter Lexikon.
Dichterisches Formelgut von Ennius bis zum Archipoeta , Munich, vol. 1, 1979, p. 358.
[4] Inscription funéraire pour la reine Mathilde (CIFM, 22, n°16, p. 51-54) ;
inscription funéraire pour Hugues de Mâcon (CIFM, 21, n°107, p. 116-117).
[5] CIFM, 18, n°8 Haute-Loire, p. 94-95.
[6] CIFM, 13, n°32 Vaucluse, p. 142.
[7] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de
Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-léger-Vauban, 2000.
Source : Site internet TITULUS - Corpus des inscriptions de la France médiévale