Guillaume-Aubin de Villèle
La Révolution arrive alors qu’il n’est encore que sous-diacre. Il émigre et est ordonné prêtre à son retour. A cette époque il catéchise une jeune élève espiègle qui s’appelle Aurore Dupin. Celle-ci, devenue plus tard sa diocésaine sous le nom de George Sand écrira dans son « Histoire de ma vie » : « Hélas, mon petit père Villèle, il m’est arrivé bien souvent de me barbouiller d’encre, de moucher la chandelle avec mes doigts… J’ai dormi au catéchisme et j’ai ronflé à la messe ; j’ai dit que vous n’étiez pas beau… « Ce jugement, vrai ou faux, n’empêchera pas Villèle d’être promu rapidement évêque de Soissons, il assistera au sacre de Charles X à Reims et sera nommé pair de France deux mois seulement après son installation à Bourges où il ne parut que le 21 juin 1825.
Sur le plan politique, son pontificat sera marqué par la Révolution de 1830. Elle affectera douloureusement l’archevêque qui, malgré son loyalisme à l’égard de la Monarchie de Juillet, se sentira rejeté dans une demi-disgrâce. Pourtant le 16 septembre 1825 il avait présidé le service anniversaire de la mort de Louis XVIII. Il fait chanter un Te Deum le 18 juillet 1830 pour la prise d’Alger. Quelques jours plus tard les quatre ordonnances de Charles X aboutissent à la sanglante matinée du 29 juillet qui fait près de 800 victimes et entraîne l’abdication du roi. Dans la nuit du 1er au 2 novembre la croix de la Mission de 1817 est renversée. En février 1832, il interdit à ses curés de célébrer l’anniversaire de la mort de Louis XVI. Cependant, il faut vivre et s’accommoder du nouveau régime. Louis-Philippe demande qu’un service soit célébré chaque année à l’intention des victimes de la Révolution de 1830 et Mgr de Villèle en communique la date à son clergé. Le roi, ayant été victime d’attentats en 1835 et 1836, un Te Deum d’action de grâces pour sa préservation est ordonné. La bonne entente avec le roi se manifeste aussi quant il s’agit de solliciter la charité à la suite de calamités publiques : tel le tremblement de terre de la Martinique qui fait 500 morts en 1839, les inondations du Midi en 1840, les secours que réclament en 1841 les réfugiés espagnols. Cette bonne entente subit pourtant une éclipse lorsqu’arrive à Bourges le 25 septembre 1839 Don Carlos. Le gouvernement de Louis-Philippe l’accueille sans enthousiasme : aucun honneur royal ne doit lui être rendu. Pourtant, chaque dimanche, l’archevêque l’attend à l’entrée de la cathédrale entouré des vicaires généraux pour le conduire solennellement à la place qui lui est réservée dans le chœur pour assister à la messe. Mgr de Villèle succomba le 25 novembre 1841 d’une attaque d’apoplexie. Les obsèques donnèrent lieu à un différend entre le maire et le général opposé à la présence de l’armée à cause des opinions du défunt. Le maire usa de son droit de réquisition et le général du s’incliner. C’est sur cet incident que se termina un long épiscopat de 17 années.