Les Symandres
Qu'est-ce qu'une symandre (ou simandre, mais j'aime bien l'écrire avec un y) ?
Voici la définition du dictionnaire : "Planche, gong ou lame de métal ou de bois sur lesquels on frappe, et qui remplace les cloches dans les monastères de rite byzantin".
Notre cathédrale n'est évidemment pas un monastère orthodoxe et pourtant elle possède actuellement trois symandres :
1) La symandre originale datée de 1571 qui est restée en service jusqu'au début du XIXe siècle. Elle est visible dans une pièce de la tour nord pour les visiteurs
qui montent à la tour.
2) Une copie à l'identique* réalisée début 2017 par "Les Métiers du Bois", bénite solennellement (voir video) par Mgr Maillard en avril 2017 et mise en place dans la
tour nord au dessus des cloches. Elle est utilisée le vendredi saint uniquement pour appeler les fidèles aux offices.
3) Une autre copie ** a été réalisée en 2018 à l'échelle 1/2 par deux compagnons menuisiers, MM. Pascal Coudereau et Sylvain Treuillard de Sury-és-Bois pour être exposée dans la chapelle St Joseph de la cathédrale.
Admirez cet instrument qui est à ma connaissance le seul qui reste en Europe sous cette forme.
* Toutes les copies de la symandre de 1571 ont été réalisées à l'initiative de l'association des "Amis de la Cathédrale de Bourges"
** En réalité deux copies ont été faites au 1/2, l'une pour la cathédrale de Bourges et la seconde pour être offerte à Notre-Dame de Paris dès que les restaurations en cours le permettront.
Dessin réalisé par Jules Dumoutet en 1871. Ce croquis a été très utile pour la création de la copie à l'identique.
Voici ce qu'écrivait Jules Dumoutet au sujet de cette symandre : "Mais aux derniers jours de la Semaine Sainte, les cloches se taisent et l'église, pour annoncer l'heure des offices et pour inviter le peuple à s'y rendre, a remplacé la sonorité de la cloche par les murmurantes pulsations de la symandre. La cathédrale de Bourges possède un de ces instruments qui est placé au dernier étage de la voûte de la tour neuve, et où il gît vermoulu et à moitié brisé;
depuis un certain temps, on ne se sert plus de cette cloche de bois que l'on appelait ainsi et qui est regardée maintenant comme une machine sans utilité et dénuée de sens. [...] Nous avons été habitués, dans notre enfance, à entendre cet instrument lorsqu'on s'en servait encore, c'est ce qui nous fait regretter plus vivement sa suppression."
Rassurez vous, M. Dumoutet, notre génération a su rétablir cette tradition ancestrale...
Source : Bureau d'étude Yves Gilbert - Étude de la cloche en bois - 2014