La Grande Nef et les Collatéraux

Le visiteur se plaçant sous les grandes orgues est impressionné pat l'élan magistral du vaisseau qu'il embrasse des yeux jusqu'à la voute sexpartite (37m. sous les clés). L'émotion du premier regard va se renouveler en découvrant la hardiesse d'un concours inusité de partis architecturaux admirablement maîtrisés.

Tout d'abord, le plan basilical de l'édifice : rien ne vient couper la perspective, puisqu'il n'y a pas de transept. Si d'autres cathédrales (Albi, Vienne, Senlis, etc...) ne présentent pas non plus de transept, le Maître de Bourges (dont le nom est inconnu) a fait plus exceptionnel, voire inédit, avec l'élargissement progressif de la grande nef : les premiers piliers sont distants  d'axe à axe de 14,12m., tandis que ceux du chœur le sont de 14,93m. avant l'hémicycle. Cet ingénieux dispositif corrige l'illusion d'optique qui semblerait faire converger deux alignements parallèles.

Remarquable aussi est l'élévation sur cinq niveaux : deux de pierre enchâssent trois niveaux de vitraux distribuant la lumière pour un effet heureusement révélateur de l'espace (privilège que n'a pas eu Notre Dame de Paris antérieure d'un quart de siècle, laquelle présente une tribune réunissant les deux collatéraux, coupant ainsi la diffusion de la lumière). Le sentiment d'élévation est encore accentué par l'élancement des piliers hauts de 17m. qui alternent avec des diamètres de 1,61 et 1,41m.

Enfin, l'harmonieuse unité de style, malgré une innovation discrète annonçant le gothique rayonnant. Cette modification est repérable à partir de la huitième travée comptée d'est en ouest. On l'appelle "rupture Branner" du nom de l'archéologue américain qui l'a étudié au milieu du XXe siècle. Elle témoigne de l'interruption du chantier pendant quelques années autour de 1210.

Source : Découvrir la Cathédrale de Bourges - Arti Grafiche - 2005

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Dimensions comparées de la cathédrale de Bourges avec ses consœurs