La Tour Nord ou Tour de "Beurre"
La tour précédente du XIIIe siècle s'étant écroulée le 31 décembre 1506 pour fêter sans doute à sa manière la Saint-Sylvestre, on commença sa reconstruction au printemps 1508 sous la direction de Guillaume Pelvoysin et de deux maîtres maçons originaires du Val de Loire : Colin Biart et Jean Cheneau. En 1515, les portails sont achevés (celui de la tour neuve et celui contigu dit de la Vierge qui avait été détruit lors de l'écroulement de l'ancienne tour). En 1524 on termine la tour en terrasse à l'image des clochers de Notre-Dame de Paris. Ce n'est qu'en 1530 que le beffroi, structure charpentée permettant de suspendre les cloches est installé. Sept ans plus tard, on placera le carillon qui avait été offert par le duc Jean de Berry dans l'édicule au sommet de la tour.
La tour mesure 66 mètres de haut (les tours de Notre-Dame de Paris : 69 mètres). Les contreforts d'angle ne sont pas ébrasés par la structure des portails contrairement aux trois du sud. Le premier étage est marqué par des arcatures aveugles en anse de panier. Trois niveaux d'arcades dont l'intrados est dentelé en arquettes supportent des galeries. On voit trois niveaux de galeries garnies de balustrades traversant les contreforts. Au dessus de la troisième galerie on voit la large allège décorée de nervures saillantes qui porte le beffroi avec des doubles baies encadrées d'un arc en plein cintre munies d'abat-son. Ce n'est pas une toiture mais une terrasse qui surmonte la voûte supérieure avec une série de dalles posées en retrait formant une pyramide carrée de douze marches. Cette terrasse est munie de deux édicules, un pour l'arrivée de la tourelle hexagonale d'escalier à vis adossée à l'angle nord-est de la tour et l'autre portant carillon. l'intérieur de la tour se décompose en plusieurs étages. Le niveau inférieur est la première travée du collatéral extérieur. Les trois étages sont tous voûtés sur croisée d'ogives et percés d'un oculus zénithal pour le passage des cordes de cloches. Ce sont les bois de la forêt de Saint-Palais qui ont été utilisés verts pour les étais, les cintres et les échafaudages. Le beffroi, lui, a été construit avec du bois séché. La pierre de construction vient d'Osmoy (calcaire lacustre), mais c'est la pierre de Charly qui a été utilisée pour les sculptures et les moulures.
Cette construction fut un gouffre financier car elle aurait couté, d'après les études minutieuses de M. Étienne Hamon, environ 100 000 livres entre 1507 et 1537 et aurait employé 15 maîtres maçons et 250 maçons.
On connait l'origine de son surnom "Tour de Beurre" dû à la permission de manger gras pendant le carême contre un don fait à la confrérie chargée de la reconstruction. Mais cela ne représente qu'une petite partie du coût : la fabrique, les chanoines, les archevêques Michel de Bucy et Antoine Bohier, une part de l'impôt sur la gabelle complétèrent l'apport financier.
Source : Bulletin n°7 des Amis de la Cathédrale de Bourges - Pages 26 à 28 - AC. Lardeau
Tout en haut de l'escalier, une inscription indique que le jeune roi Louis XIV est monté le 9 octobre 1651 en haut de cette tour où il a été accueilli par les félicitations de Mgr de Ventadour.
A noter qu'il a été dans les derniers à regarder depuis cette tour la 'Grosse Tour", datant de Philippe Auguste puisqu'il la fit détruire l'année suivante.
Dans l'escalier, au-dessus de la marche 304, un masque ailé prononce les mots suivants inscrits sur deux phylactères :
Ce fut la mil cinq ces et six, de decembre
Le derr jor, q pr ung fodemet mal ps de
St-Est toba la tour
M. 1520 fust fecte ceste pierre
Évocation de l'écroulement de la tour précédente le 31 décembre 1506
Pour terminer avec les photos, voici quelques vues que le visiteur courageux ayant gravi les 396 marches pour accéder à la plateforme aura devant les yeux.
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