Vitrail du Fils Prodigue
Pour lire cette verrière, il suffit d'ouvrir l'Évangile de St Luc au chapitre XV et de suivre la parabole. Cependant, le récit de St Luc se termine sur le refus du fils aîné de fêter le retour de son frère alors que le peintre-verrier (ou plus sûrement son conseiller) ne s'est pas arrêté là : Tout en haut du vitrail, la scène ultime montre le père debout entre ses deux fils dont il essaye de joindre les mains droites. Cette conclusion inattendue nous fait entrevoir que cette parabole doit avoir aussi un sens plus spirituel. L'histoire de l'enfant prodigue, selon tous les commentateurs médiévaux, avant d'être une fable morale, est l'histoire de l'humanité égarée dans la paganisme. Du fond de sa misère, l'homme païen entend la voix qui l'invite à rentrer chez lui pour recevoir la grâce du pardon. Le fils aîné, symbole du peuple d'Israël resté fidèlement en présence du Père, refuse de participer au banquet. Le Père invite pourtant les deux peuples à se réconcilier.
Les cathédrales de Chartres, Sens et Auxerre possèdent chacune un vitrail sur le même thème.
Identification des personnages représentés.
Vitrail. Dimensions de la verrière 220x 600 cm. État de conservation : restauré par Coffetier et Steinheil en 1855, puis par Chigot entre 1947 et 1955. Ce
vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000439). Les tanneurs sont les donateurs de cette verrière. Localisation :
déambulatoire, deuxième baie au nord de la chapelle d'axe. Caractères peints.
Datation : vers 1205-1214 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et xixe -
xxe siècles.
Disposition horizontale sur une ligne. Mélange de capitales et d’onciales (E, R et D). Les D sont tracés à l’envers. Bandeau noir, lettres vertes ou jaunes. Abréviation par contraction marquée par un tilde à renflement médian dans le premier mot de la seconde inscription. Absence de ponctuation et de décor.
Contrairement aux identifications de personnages et commentaires de scènes des autres vitraux, cette inscription n’est pas au nominatif. Elle se présente davantage comme un titre (de suivi de l’ablatif) indiquant la thématique abordée (la parabole du Fils prodigue Luc XV, 11-32, quoique le mot prodigus ne soit pas dans le texte évangélique). La même formulation est utilisée sur un des vitraux de la chapelle Saint-Jean dans la cathédrale de Clermont-Ferrand entre 1260 et 1280 ou à la cathédrale de Chartres. Sur d’autres vitraux, comme celui de la cathédrale de Sens, réalisé dans le premier quart du xiiie siècle, cette parabole biblique est particulièrement détaillée grâce à treize légendes épigraphiques.
L’inscription du médaillon de droite est plus difficile à interpréter : faut-il la mettre en relation avec la parabole du Fils prodigue ou avec la représentation des tanneurs, les donateurs du vitrail, situés en-dessous ? Elle est d’ailleurs peut-être incomplète, comme c’est parfois le cas des citations bibliques sur phylactère, laissant au lecteur le soin de compléter le texte grâce à sa mémoire.
Louis Grodecki a rapproché le style de ce vitrail de celui des Reliques de saint Étienne. L’analyse paléographique de ces deux vitraux ne permet guère de mettre en évidence un style d’écriture commun. Les quelques mots peints ici ne montrent pas de traits identifiables, si ce n’est peut-être l’épaisseur des traits.
Source : Site Internet "Titulus" - Corpus des inscriptions de la France médiévale.
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