Vitrail de la Passion
Le vitrail de la Passion, comme la plupart des vitraux du XIIIème siècle, se lit de bas en haut et de gauche à droite.
Pour voir les médaillons dans le sens où ils doivent être lus, cliquez sur la première image ci-dessous à gauche. Vous trouverez aussi au bas de chaque image un commentaire
succinct.
Dans ce vitrail, je cite l'abbé Benoit : "Le récit évangélique est illustré de façon linéaire, sans commentaire allégorique apparent. L'importance liturgique de la Passion et l'existence probable "jeux (ou mystères) de la Passion", permettent d'expliquer la fonction de cette verrière, sans qu'on puisse la situer bien clairement dans le programme iconographique d'ensemble ..... Il faut regretter que la dégradation des sculptures du jubé ne permette pas de faire une étude comparative des deux programmes qui semblent très proches."
Commentaire de scène.
Vitrail. Dimensions de la verrière : 220x 600 cm. État de conservation : restauré par Coffetier et Steinheil en 1855, puis par Chigot entre 1947 et 1955.
La lecture est difficile et l’ensemble est perturbé. Le I de istam a sans doute été rogné lors de la mise en plomb. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a
été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000439). Inscription conservée in situ. Localisation : déambulatoire, côté sud, baie à l’est de la première chapelle sud. Caractères
peints.
Datation : vers 1205-1214 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et XIXe - XXe siècles.
Disposition horizontale sur une ligne ; une double réglure délimite le champ épigraphique. Hauteur des lettres : 2 cm. Mélange de capitales et d’onciales très évoluées. Écriture élégante ; les lettres S, T et A de istam sont fleuries. Bandeau noir, lettres vertes. Abréviation par suspension marquée par un tilde droit sur le V de dederunt. Ponctuation par deux ou quatre points verticaux entre chaque mot.
Ce texte épigraphique est situé tout au bas du vitrail consacré à la Passion du Christ, sous une scène de donation. Sa situation le rend parfaitement visible et lisible. Les donateurs ont été identifiés comme étant les pelletiers et les fourreurs ; c’est certainement ce mot, pelliciarius (aussi orthographié pellicerius, pellitarius, pellerius, pelletarius, peltarius), qu’il faut lire à la fin de l’inscription. D’autres figures de donateurs apparaissent dans les vitraux de Bourges (tout particulièrement des corporations, comme celle des fontainiers ou porteurs d’eau dans la verrière des Reliques de saint Étienne), mais elles ne sont pas accompagnées d’un texte épigraphique les identifiant.
L’écriture est très ornée : le peintre verrier a évidé les traits verticaux épais et/ou les a doublés d’un mince filet (vitream, pelliciari), les points d’interponctuation sont eux-mêmes évidés et les terminaisons de certaines lettres sont tréflées. Ces éléments paléographiques rejoignent l’analyse de Louis Grodecki du style de l’atelier du Bon Samaritain, auquel se rattache le vitrail de la Passion : d’une originalité remarquable, « plein de bizarrerie, d’inusuel » selon L. Grodecki, qui propose même de reprendre l’expression de Focillon de « baroque roman » pour le qualifier, ce qui s’applique bien à l’écriture étudiée ici.
Source : Site Internet "Titulus" - Corpus des inscriptions de la France médiévale
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